Le Musée Jean Cocteau Collection Séverin Wunderman
Etat d’une collection après sinistre

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Dans la nuit du 29 octobre 2018, vers 23 heures, l’ouragan Adrian touche la ville de Menton. Des vagues importantes s’abattent sur le littoral sur une zone de 2 km.
Le musée Jean Cocteau, inauguré en 2011, construit face à la mer, est submergé. L’eau monte sur la chaussée, traverse et inonde la coursive autour du musée. La force de la vague fait céder une des baies vitrées. L’eau s’engouffre dans le musée et envahit les sous-sols où se trouvent deux réserves, les bureaux, les locaux techniques et une salle d’exposition. Dans les réserves et les salles l’eau est montée à 1m 70 sur une surface de 1300 m2 (mélange d’eau de pluie, d’eau de mer ainsi que d’eau des égouts des pompes de relevage détruites lors du sinistre). Le sous-sol reste inaccessible pendant plus de 12 heures.

Le sous-sol, resté inaccessible pendant plus de 12 heures lors de l’inondation et entièrement détruit par l’ampleur de la submersion, doit réorganiser et rebâtir tous ses systèmes techniques (électricité, informatique, ventilation, réseaux divers, pompes de relevage..) afin de ne plus présenter de fragilité structurelle dans le cas d’un nouvel épisode de cette gravité. Les réserves (cabinet d’art graphique, réserve des photographies, réserve des peintures, réserve boutique), les ateliers, les locaux techniques devront trouver leur place dans des locaux extérieurs.

Réalisation d’un premier récolement

Lors de cette opération de récolement, sur les 2 436 œuvres inscrites à la collection :
• 2 365 ont été récolées, soit 97,1% de la collection,
• 71 œuvres n’ont pas été retrouvées, soit 2, 9% de la collection. Ce chiffre sera à revoir après le second récolement en cours actuellement.

Mise en place du chantier des collections

Un chantier des collections complet est très rapidement mis en œuvre après la réorganisation de l’équipe et l’installation de la collection dans les locaux du Musée de Préhistoire régionale. La suite de dégâts de cette ampleur nécessite une coordination et la prise de mesures considérables afin de rétablir d’une part, la confiance des différents acteurs culturels ainsi que de l’équipe du musée, et d’autre part des conditions de conservation préventive et curative adaptées à la nouvelle situation de la collection.

A ce jour

Les interventions sur place de restaurateurs spécialités arts graphiques, tapisseries, sculptures, peintures, céramique, photographie, techniques mixtes, livres, cuirs, horlogerie se sont succédées très régulièrement et continuent. Elles ont donné lieu à des constats et interventions d’urgence sur plus de 2 000 œuvres. Des restaurations, nettoyages, montages, restaurations fondamentales, ont été effectuées sur environ 300 œuvres.

Etudes des techniques de restauration

Plusieurs pistes ont été étudiées, tant pour la photographie que pour les arts graphiques ou les peintures. En effet, une telle quantité d’œuvres plongées dans l’eau de mer souillée représente véritablement un cas d’école. On a pu connaître d’importants dégâts d’archives, mais les altérations de même type sur des techniques comme les pastels, crayon graphite, stylo à bille, crayon de couleur, encre sur papier de diverses qualité (papiers fins, calques), sur des tissus, du carton, des parchemins ou des huiles sur toile se rencontrent rarement.
Une partie des œuvres a pu être sauvée et ne subira aucune dévaluation esthétique.
Cependant, un rinçage pour élimination du sel marin sera nécessaire pour les œuvres ayant été mouillées, ce qui constitue 95% du fonds (Fig 1, 2, 3, 4). Les œuvres tachées de manière irréversible sur une zone moindre et dont la lisibilité reste acceptable ont été estimées comme ayant subi une moins-value.

Altération cristallisée dans l’épair (photos Claire Letang)
Dépôt de boue

Nettoyage en bain
Après nettoyage

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