Depuis 2019, le Musée national de l’histoire de l’immigration (MNHI) porte un projet visant à identifier les items relevant du patrimoine des migrations humaines dans les collections des musées et écomusées. Il bénéficie du soutien du Service des musées de France (SMF) qui a créé un nouveau nom de domaine, « migrations humaines », dans les thesaurus de description des bases de données1. Ce nouveau nom de domaine revêt pour les collections du musée de la Vallée à Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence) une signification toute particulière.
Cliché Jean Bernard © MdlV
En effet, depuis sa création dans les années 30, et l’appel lancé par le sénateur bas-alpin André Honnorat (1868-1950)2 auprès de ses compatriotes émigrés aux Amériques (1805-1955), la collection publique de Barcelonnette accueille régulièrement des « biens » en lien direct avec le mouvement migratoire bas-alpin au Mexique.
Des photographies mettant en scène le parcours [et la réussite] de l’émigrant, mais aussi des clichés artistiques sur le Mexique et sa population ; des objets (molinillos, calebasses, metate…) et pièces textiles (sarapes, costumes de China poblana, de charro…), tous emblématiques de la culture populaire mexicaine, sans oublier la représentation de la Vierge de Guadalupe (Virgen de Guadalupe), vierge métissée, sainte patronne de l’Amérique du Sud vénérée par l’émigrant alpin, et que l’on retrouve dans toutes les églises de la vallée de l’Ubaye.
Cliché Jean Bernard © MdlV
Ces biens, entrés le plus souvent sous la forme de don manuel, sont identifiés et réunis, dans les collections du musée de la Vallée sous l’appellation de « mémoire de l’émigration »3.
Depuis 1988, le nouveau musée de la Vallée, poursuit la collecte auprès des [derniers] acteurs de l’émigration et de leur descendance mobilisée, rassemblant les objets du quotidien, les objets personnels de l’émigrant, les objets de « l’autre culture », mais aussi, les objets commandés par les émigrants, des objets « métissés » porteurs d’une histoire croisée entre la France et le Mexique (le salon franco mexicain ou l’interprétation française du costume national mexicain, etc.), et qui font la singularité et l’originalité des collections du musée de la Vallée.
Ce nouveau nom de domaine ne vient pas seulement qualifier les biens culturels documentant l’histoire des émigrants de la vallée de l’Ubaye en terre américaine ; il qualifie aussi les biens culturels en provenance des immigrants transalpins venus vivre, travailler, puis s’installer en Ubaye tout au long du XIXe siècle…
L’usage du nouveau nom de domaine créé par le Service des musées de France pour qualifier le patrimoine « des migrations humaines » sera désormais pris en compte lors de l’inventaire mais aussi lors du récolement des collections du musée de la Vallée concernées par les mobilités et migrations portées au départ comme à destination de la vallée alpine de l’Ubaye.
1. Projet « Inventaire du Patrimoine des Migrations Humaines »
https://ocim.fr/2020/10/projet-inventaire-du-patrimoine-des-migrations-humaines/
2. André Honnorat et les affaires mexicaines ou la mémoire de l’émigration bas-alpine au Mexique [in] « André Honnorat entre Basses-Alpes, Paris et Mexique ». Guillaume Tronchet, Hélène Homps. Chroniques de Haute Provence N°359, Hiver 2007-2008.
3. « La Mémoire de l’émigration, une source patrimoniale à conserver » Hélène Homps [in] 1000 petits chefs-d’œuvre du Mexique. La collection du musée de la Vallée à Barcelonnette. Coédition Somogy éditions d’art/Musée de la Vallée, Paris/Barcelonnette, 2006.
