Lorsqu’en 1991 Lil Treilles-Ziem – petite fille de Félix Ziem – décide d’offrir à la ville de Martigues le fonds d’atelier de son grand-père, elle permet l’entrée dans les collections publiques françaises non seulement de peintures, d’oeuvres graphiques, de photographies et d’estampes mais aussi du journal de l’artiste et de 42 carnets de dessin que Ziem conserva avec lui sa vie durant.
À travers eux nous découvrons les déambulations du jeune homme, de Marseille à Nice en passant par Martigues, mais aussi ses pérégrinations bien au-delà du territoire national.
Associés à son journal, ils racontent les préoccupations du jeune artiste, ses interrogations et ses réflexions, tant privées que picturales. Beaux témoignages de l’évolution plastique et de la maîtrise technique de Ziem, ils permettent de parcourir avec lui les pays traversés dans lesquels il réalise de très nombreux croquis, non seulement des paysages qu’il découvre mais aussi des gens qu’il croise. L’Italie, où il se rend de très nombreuses fois, y est donc omniprésente. En effet, comme pour beaucoup d’autres artistes, elle est définitivement la contrée de l’art par excellence.
Entre 1842 et 1897, Ziem se rend dans la Péninsule une vingtaine de fois, parfois à deux reprises durant la même année. Si ses incursions l’amènent dans le sud, il apparaît néanmoins qu’elles sont bien plus fréquentes en Italie du Nord, et ce même si l’on exclut la destination vénitienne. C’est en 1847, lors de son quatrième voyage, qu’il se risque jusqu’en Campanie et peut-être jusqu’en Sicile. Il s’agirait alors de la région la plus méridionale visitée par le peintre. Mais on peut légitimement se poser la question de ce voyage quand on voit le peu de représentations en lien avec ce déplacement.
Quoiqu’il en soit, il est certain que Ziem se rend à plusieurs reprises à Rome, de très nombreux dessins sont là pour en témoigner. 1848 sera son dernier séjour dans la ville éternelle. En 1851, c’est Florence qu’il visite pour la dernière fois. Sur la côte adriatique, Fano – située dans les Marches – est la localité la plus au sud qu’il représente. Aucun voyage dans les Pouilles, en Basilicate ou en Calabre. On peut à juste titre se demander pourquoi, lui qui ira jusqu’en Turquie et en Russie.
On peut supposer toutefois, sans trop de risque, que sa rencontre en 1859 avec Angelina, dite Lina, belle vénitienne qui demeurera sa maîtresse jusqu’en 1875, a dû l’inciter plus encore à privilégier les déplacements dans la cité des Doges en dehors de tous autres lieux en Italie.
Force est de constater, qu’au-delà de Venise, il se plaît à retourner dans un certain nombre de localités du Nord telles que Gênes, Turin, Milan ou Vérone, contrairement à Naples et à sa baie qu’il ne visitera qu’une seule fois.
Avec près de 90 dessins, aquarelles et peintures – certains exposés pour la première fois – cette exposition convie le public à arpenter la botte italienne du Nord au Sud, et à la découvrir à travers le regard de l’artiste.