Un projet éditorial porté par trois musées de France : Champlitte, Barcelonnette et Espalion
Parce qu’ils partagent une même expérience de migration humaine à destination des Amériques (Mexique et Argentine) – entre le début du 19e siècle et la première moitié du 20e siècle, le musée départemental Albert et Félicie Demard de Champlitte (Haute-Saône) ; le musée municipal Musée de la Vallée de Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence) et le musée départemental du Rouergue – Mœurs et Coutumes d’Espalion (Aveyron) ont aussi hérité d’une œuvre photographique commune sous la signature de Jacqueline Colde (1941-2018) partie, entre 1984 et 1995, à la rencontre des émigrants chanitois, barcelonnettes et aveyronnais et de leurs descendances en terre américaine.
Disparue en 2018 à Marseille où elle s’était installée, Jacqueline Colde, fille de colons français et espagnols, née en Algérie, particulièrement sensible au thème du « déracinement », avait fait sien le projet de photographier les communautés des « Français aux Amériques ». Son projet photographique a ainsi réuni, en 1984, les descendants des Franc-Comtois installés à San Rafael-Jicaltepec (Mexique) ; en 1992, les descendants des Barcelonnettes dispersés dans toute la république du Mexique, et les descendants des Aveyronnais implantés à Pigüe (Argentine), en 1995.
Bien loin des portraits historiques soigneusement mis en scène en studio ou des « images trophées » rapportées par les migrants alpins de retour du Mexique, Jacqueline Colde s’intéresse aux personnes, aux familles qu’elle prend le temps de rencontrer, d’écouter, reconstituant en préambule leur arbre généalogique. Qui sont-ils ? Comment vivent-ils, se sont-ils intégrés à la culture de leur pays d’accueil ? Quelle place occupent-ils dans l’économie du pays, que reste-t-il des traditions françaises apportées par leurs ancêtres ?
La photographe-auteure choisit de photographier les émigrants et leur descendance, chez eux, sur leur lieu de vie, au travail ou dans le cadre de leurs loisirs. Ces portraits vivants, donnent à voir des hommes et des femmes, seul(s), en couple(s), en famille(s), entre ami(e)s. On découvre que nos cousins d’Amérique, mexicains et argentins, portent toujours un patronyme français, – le patronyme de leurs aïeux, et qu’ils sont désireux de renouer les fils de la généalogie familiale et faire l’expérience concrète du pays d’origine (Marie-Blanche Fourcade).
Conservés dans les collections des musées de France de Champlitte, de Barcelonnette et d’Espalion, ces portraits noir et blanc donnent au récit du « grand voyage », du rêve américain, une réalité contemporaine et sensible.
Confié à l’éditeur du Sud Arnaud Bizalion (Arles), le projet éditorial en cours rassemblera une sélection de 180 portraits noir et blanc et donnera à voir, pour la première fois, les trois communautés d’émigrants photographiées par Jacqueline Colde, réunies dans un même ouvrage de 256 pages. Un projet d’exposition itinérante est à l’étude qui ira à la rencontre des communautés, ici, en France, et là-bas, au Mexique et en Argentine, où vivent nos cousins d’Amérique !