MUSÉE DÉPARTEMENTAL DES ARTS ASIATIQUES, NICE
L’exposition revient sur deux thèmes majeurs dans l’œuvre de Katsushika Hokusai (1760-1849), à travers cent-vingt-six estampes provenant de l’exceptionnelle collection de Georges Leskowicz, dont la très iconique Grande vague dans une première édition de 1830.
Le paysage, omniprésent dans l’estampe japonaise, prend une nouvelle dimension chez Hokusai. Il en renouvelle les codes dès les premières années de sa carrière en intégrant la perspective occidentale dans ses compositions. Il révolutionne le genre dans ses séries des années 1830 en faisant du paysage un sujet à part entière. Dans les très célèbres Trente-six vues du mont Fuji – mais aussi dans les séries des Cascades et des Ponts –, il recourt à des cadrages originaux, parfois insolites, qui sont autant de variations sur un même thème. Il saisit l’instantanéité d’une action ou d’un phénomène, et capte tout à la fois l’immuable majesté du Fuji et la fragilité de ses semblables. L’utilisation inédite du bleu de Prusse permet d’étendre la gamme des tons et les effets de dégradé.
L’exposition évoque également la manière dont les Japonais apprécient et parcourent leur pays à l’époque d’Edo (1603-1868), notamment en empruntant la route du Tōkaidō, dont l’importance en a fait un véritable motif artistique. En raison du développement du tourisme intérieur que connaît alors l’archipel, le voyage occupe une place de choix dans l’imagerie de l’ukiyo-e, ces « images du monde flottant », des plaisirs fugitifs d’ici-bas. La série La Clochette des relais (1805-1806), rarement exposée, et une Vue d’ensemble du Tōkaidō (1818) ne manqueront pas d’étonner le visiteur.
Dans son œuvre, Hokusai se montre sensible à la diversité des formes que la nature peut revêtir, mais aussi à l’activité quotidienne des hommes qui l’habitent, la contemplent et la traversent. L’exposition présente en outre huit carnets de sa Manga (recueils de dessins imprimés destinés aux apprentis peintres, publiés à partir de 1812) et dix objets (dont un costume de nō), supports de paysages ou conçus pour le voyage. Le visiteur est ainsi convié à (re)découvrir les œuvres du maître et à se confronter aux plus célèbres d’entre elles.