Ensemble de 1300 cartes postales anciennes sur le département du Var (avec quelques incursions sur la Côte d'Azur), couvrant la période de 1890 à 1925. Ce "petit bout de carton" est apparu sans illustration pour la première fois en 1870 afin de permettre la censure. Vers 1890 la carte-vue voit le jour. L'illustration minuscule à l'origine va progressivement couvrir tout l'espace. La découverte du principe de la phototypie va permettre de transcrire les demi-teintes photographiques et de reproduire en grande quantité et à moindre coût sur du papier d'imprimerie, le succès est fulgurant. La production ne cessera d'augmenter jusqu'en 1925, année qui a été qualifiée "d'âge d'or" de la carte postale. La collection acquise présente des vues générales de villes et de villages varois mettant en valeur les milieux naturels : montagnes, collines, plaines, mer, rivières, forêts ainsi que les activités qui s'y rattachent : agriculture, cueillette, pêche et transhumance… évoquant quelques particularismes : ramassage des fraises à Solliès, des cerises à Pont-du-Var, des châtaignes à La Garde-Freinet ou encore la cueillette des fleurs : violettes ou marguerites (carte qui paraît identique avec une légende à la fois en français et en anglais) à Hyères. Le monumental propre à chaque lieu est dépeint : fontaines, places, monuments d'hommes célèbres ou monuments aux morts, églises, sans oublier les différents bâtiments administratifs : arsenal, crédits lyonnais, mairies, postes ainsi que les lieux de tourisme : casinos, gares, hôtels, restaurants... Ces vues permettent naturellement des comparaisons avec la période moderne… Mais plus significatives pour un musée d'ethnographie, bien que forcées pour et par la prise de vue, sont les scènes de rue figeant devant nos yeux les gestes des savoir-faire des artisans et des ouvriers ou les grouillements plus ou moins factices des boutiques, des marchés et de la circulation de l'époque. Quelques cartes portent la mention "Provence pittoresque" et montrent des personnages stéréotypés propres au regard anthropologique de l'époque... Elles sont souvent signées de photographes et d'éditeurs parisiens développant une sorte d'exotisme recherché par les "estrangers"... alors que le photographe ou l'éditeur local aurait plutôt tendance à "faire vrai" en montrant autochtones et touristes habitués posant plus ou moins naturellement et du même coup faire de la réclame pour sa propre boutique, magasin ou établissement (débits de tabac, Dames de France, hôtels prestigieux...) qu'il pourra vendre comme souvenirs à ses clients. Chantal FROMONT