La collection a été constituée au début du XXe siècle par un érudit toulonnais de souche (qui a désiré conserver l'anonymat). Majoral du félibrige en 1918, ce passionné de folklore provençal se penche avec grande compétence et érudition sur le patrimoine provençal et laisse des écrits qui font autorité, ce qui milite en faveur de l'authenticité et d'une localisation géographique précise (Provence maritime de Marseille à Toulon) de cette collection. L'ensemble est de très bonne qualité quant à la coupe et aux tissus employés tant pour le "dessus" que pour la doublure (indiennes de toute fraîcheur...). La majorité de la collection est du XIXe s., quelques éléments sont du XVIIIe s., certaines pièces vestimentaires ont été retouchées voire même réalisées " folklorisées " au XXe s. dans des tissus anciens réemployés pour être portées par l'épouse du félibre lors de diverses cérémonies données à l'occasion de la renaissance de la culture provençale. L'ensemble se compose de vêtements provençaux féminins caractéristiques du costume des bastidanes : coiffes (dentelle), fichus (mousseline ou soie), châles, cache-corsets, caracos, jupons (brodés), un cotillon piqué, robes, tabliers, capes (ramoneur), bas, mitaines, chemises et bonnets de nuit... auxquels viennent s'ajouter quelques vêtements d'homme, taiolo et notamment des gilets du XVIIIe s. brodés... Des effets de bébé du XIXe s. : bonnets, robes et manteaux de baptême, sangles, quelques coiffes et robes de fillette ainsi que des éléments de costume de communiante... La collection compte également quelques accessoires (ombrelles en soie) et un boutis. L'intérêt de cette collection apparaît surtout dans le nombre et la qualité de certaines pièces qui, souvent usées ou achetées à bon prix par des collectionneurs, sont devenues très rares dans les collections de musée (caracos, tabliers, capes...). Le musée de Draguignan conserve en réserves une collection importante de vêtements traditionnels, en grande partie varois, dont un petit nombre est présenté en permanence. Un travail important d'étude et de sauvegarde de ces textiles fragiles est effectué (un ouvrage, publié en 1996, dirigé par Y. Fattori, et une exposition temporaire sur ce thème a consacré cette mission). Cette collection apporte une contribution importante à une meilleure connaissance du vêtement traditionnel provençal et de son usage. Chantal FROMONT