Vue de la Fontaine de Vaucluse
Le musée-bibliothèque François Pétrarque consacré à Pétrarque, à l'humanisme renaissant et à l'italianité, mène, depuis sa réouverture en 1986, une politique d'acquisition de témoignages artistiques relatifs à la Fontaine-de-Vaucluse et à son territoire littéraire dans la continuité du lieu inspiré et d'une tradition créatrice qu'illustrent, à cinq siècles d'écart, les deux grandes figures poétiques : François Pétrarque et René Char. Ainsi, cette maison-musée perpétue les liens esthétiques et sentimentaux entre un certain nombre d'artistes et le site à travers la thématique "Peinture et écriture" et le travail conjoint pictural et poétique du dialogue par le livre. Vue de la Fontaine-de-Vaucluse est un dessin à la plume et au lavis de Jean-Antoine Constantin (1756-1844), avec la mention à la base "Vaucluse par Constantin 1798". Il s'agit d'une vue panoramique sur le village et la Sorgue, dans la tradition des représentations du bassin de la rivière à partir du chemin conduisant à la résurgence : à droite, un bosquet où chaque arbre exprime son individualité, le long de la rive un chemin et un mur délimitant des propriétés, dans le lointain un ensemble de bâtiments avec Saint-Véran, le vieux pont à double arche est en dos d'âne, sur la rive gauche un portail donne sur un parc, un paysan conduit un cheval tirant une charrette, deux personnages sont en conversation sur le chemin, plus à gauche au sommet on devine les ruines du château des évêques de Vaucluse et plus loin les collines de Provence. En bas, un important groupe de bâtiments étagés dominent la rivière. Le lit de la Sorgue occupe la largeur de l'œuvre. Il présente une partie plus agitée marquée par des épis ou obstacles. Au premier plan une barque traverse la rivière. Il s'agit d'un bac contrôlé par une chaîne visible à la poupe et guidée à la perche par un nautonier, à l'intérieur de l'esquif un âne et son bât et plusieurs personnages assis. Il existe deux vues représentant la Fontaine-de-Vaucluse réalisées par Constantin : l'une est au musée des Beaux-Arts à Marseille, l'autre au musée Calvet d'Avignon. Ces œuvres constituent des archétypes de la thématique iconographique de Vaucluse. Elles sont fondatrices du mythe pétrarquiste qui prit son essor à la même époque et dura jusqu'au-delà de 1900. Jean-Antoine Constantin, ce maître oublié – né à Bonneveine près de Marseille en 1756, élève de Karpelers et de David de Marseille, mort à Aix en 1844 – sort de l'ombre et trouve maintenant sa véritable place dans l'histoire de la peinture : celle d'un grand artiste maîtrisant parfaitement la technique du dessin à la plume et au lavis en précurseur des grands paysagistes du XIXe siècle, de toute l'école de peinture provençale. On trouve dans cette représentation de Vaucluse les intérêts de l'artiste : le thème de l'eau, du vieux pont, les petits personnages, les rochers, les maisons, les arbres qui inspirèrent toute son œuvre. On y remarque la synthèse parfaite de la composition classique et de l'expression d'une nouvelle sensibilité romantique où l'homme s'identifie à la nature. Sa vision de Vaucluse influença nombre de peintres, graveurs et lithographes.
Informations détaillées :
Nom de l'artiste : CONSTANTIN Jean-Antoine
Genre : Dessin - Art graphique
Domaine 1 : Artistique
Domaine 2 : Autre Paysage
Datation : 1798 / 0 / 0
Période : Période contemporaine (1789 à nos jours)
Provenance : Thierry de Chirée
Dimensions : 0,65 x 0,40 m
Matière : Plume et lavis
Technique : Dessin
Commission : 1994
N° inventaire : 4004
Bibliographie expositions : "Jean-Antoine Constantin et le romantisme", Catalogue de la troisième exposition organisée par la société des amis de la bibliothèque de Marseille, avec le concours de la revue Feu, 1930. P. Trabaud, Jean-Antoine Constantin, paysagiste, 1756-1844, Marseille, 1905.