Je suis né comme le rocher avec mes blessures
Le musée-bibliothèque François-Pétrarque consacré à Pétrarque, à l'humanisme renaissant et à l'italianité, mène, depuis sa réouverture en 1986, une politique d'acquisition de témoignages artistiques relatifs à la Fontaine-de-Vaucluse et à son territoire littéraire dans la continuité du lieu inspiré et d'une tradition créatrice qu'illustrent, à cinq siècles d'écart, les deux grandes figures poétiques : François Pétrarque et René Char. Ainsi, cette maison-musée perpétue les liens esthétiques et sentimentaux entre un certain nombre d'artistes et le site à travers la thématique "Peinture et écriture" et le travail conjoint pictural et poétique du dialogue par le livre. Pendant la période 1955-1958, René Char a réalisé de nombreux poèmes enluminés, galets, écorces, encres de Chine. Dans un entretien avec France Huser pour Le Nouvel Observateur, René Char explique les circonstances dans lesquelles furent réalisées ces illustrations : "… dans une période où je ne pouvais plus dormir. Comment passer la nuit ? Supportant mal l'électricité, sa lueur immobile, perçante et froide, je m'éclairais à la bougie et je commençais à écouter certains poèmes déjà écoutés ; en amorçant d'autres. Ainsi naquit le dessin et le recours à la couleur. Mon tourment s'agitait, signe peut-être que j'étais dans le vrai ? La couleur pour moi : quelque chose d'humide et de secourable. J'avais des encres de Chine étrangères de toutes les couleurs ; je me mis à dessiner, à peindre sur des cartons blancs que me procurait Guy Lévis-Mano et des écorces de bouleau que je chapardais dans la forêt de l'Epte et faisais sécher dans les pages d'un gros dictionnaires… […] Quand l'écorce de bouleau était définitivement peinte, je la fixais à l'aide de deux petits clous sur sa planchette pour me convaincre qu'elle n'était pas sacrée par ailleurs. Des débuts de poèmes sont nés ainsi, tous étaient nocturnes. Je traçais des fulgurances que j'entourais de cire de couleur". Je suis né comme le rocher avec mes blessures fait partie de ces poèmes enluminés. Il s'agit d'un aphorisme calligraphié et signé sur un galet, le premier de l'Age Cassant, avec toutefois une importante variante.
Informations détaillées :
Nom de l'artiste : CHAR René
Genre : Dessin - Art graphique
Domaine 1 : Artistique
Domaine 2 : Autre Calligraphie
Datation : 1950 / 0 / 0
Période :
Provenance : Vente publique
Dimensions : 0,50 x 0,10 m
Matière : Galet - Encre
Technique : Calligraphie sur galet
Commission : 1990
N° inventaire : 5019