Aux riverains de la Sorgue
Le musée-bibliothèque François-Pétrarque consacré à Pétrarque, à l'humanisme renaissant et à l'italianité, mène, depuis sa réouverture en 1986, une politique d'acquisition de témoignages artistiques relatifs à la Fontaine-de-Vaucluse et à son territoire littéraire dans la continuité du lieu inspiré et d'une tradition créatrice qu'illustrent, à cinq siècles d'écart, les deux grandes figures poétiques : François Pétrarque et René Char. Ainsi, cette maison-musée perpétue les liens esthétiques et sentimentaux entre un certain nombre d'artistes et le site à travers la thématique "Peinture et écriture" et le travail conjoint pictural et poétique du dialogue par le livre. L'affiche Aux riverains de la Sorgue est parue chez P.A.B. en 1959. Il s'agit d'un exemplaire sur feuillet bleu et non l'un des trente-trois numérotés sur papier Arches (trois d'entre eux portent une gouache de Jean Hugo). Elle était destinée à être placardée sur les murs de L'Isle-sur-Sorgue et dans les environs ; elle porte d'ailleurs dans l'angle inférieur gauche un timbre fiscal. Aux riverains de la Sorgue est une interpellation suite aux premiers succès de la conquête de l'espace (octobre-novembre 1957). Ce texte s'inscrit dans la relation qui liait René Char à sa Provence natale et procède des différentes prises de position publiques du poète face à l'avancée jugée dévastatrice du progrès. En ce sens, il s'enracine profondément dans d'autres contextes, notamment celui de l'œuvre poétique et l'idée que René Char s'en fait dans le futur. Il est intrinsèquement lié aux Transparents et au recueil Aromates Chasseurs. Le poème Aversion du Nu Perdu s'ouvre ainsi : "Le pays natal est un allié diminué. Sinon, il nous entretiendrait de ses revers et de ses fatuités. Pistes, sentiers, chemins et routes ne s'accordent pas sur les mêmes maisons, choisissent d'autres habitants, rendent compte à des lieux différents…" et s'achève par "Dans les lieux d'épouvante qu'il s'apprête à conquérir, l'orgueilleux se fait précéder d'une fusée. Le désespoir, aussi sans lustre". Tout ceci apparaît comme une menace pour l'homme et la poésie. René Char voit en elle, en effet, un troisième espace à venir, une sauvegarde, une alternative qui pourra aider l'homme à répondre à ses interrogations angoissées. Le poète craint que modernité et technologie ne provoquent l'oubli non seulement de la poésie mais aussi des pouvoirs et de l'immensité de la matière poétique. C'est dans ce sens qu'il faut entendre Avis aux riverains de la Sorgue : "L'homme de l'espace […] sera un milliard de fois moins lumineux et révèlera un milliard de fois moins de choses cachées que l'homme granité, reclus et recouché de Lascaux […]".
Informations détaillées :
Nom de l'artiste : CHAR René
Genre : Affiche
Domaine 1 : Artistique
Domaine 2 : Publicitaire - Propagande
Datation : 1959 / 0 / 0
Période : Période contemporaine (1789 à nos jours)
Provenance : Vente publique "Rose et Georgette Engelhard"
Dimensions : 0,32 x 0,25 m
Matière : Affiche
Technique :
Commission : 1990
N° inventaire : 5032