Balthus ou le dard dans la fleur
Le musée-bibliothèque François Pétrarque consacré à Pétrarque, à l'humanisme renaissant et à l'italianité, mène, depuis sa réouverture en 1986, une politique d'acquisition de témoignages artistiques relatifs à la Fontaine-de-Vaucluse et à son territoire littéraire dans la continuité du lieu inspiré et d'une tradition créatrice qu'illustrent, à cinq siècles d'écart, les deux grandes figures poétiques : François Pétrarque et René Char. Ainsi, cette maison-musée perpétue les liens esthétiques et sentimentaux entre un certain nombre d'artistes et le site à travers la thématique "Peinture et écriture" et le travail conjoint pictural et poétique du dialogue par le livre. Balthus ou le dard dans la fleur, manuscrit à l'encre noire, signé et daté d'août 1946, rédigé sur une page de papier glacé, porte en marge un ex-dono autographe : "Ce manuscrit est pour Georgette [par temps d'angoisse 25.8.46] si nous habitons un éclair, il est le cœur de l'éternel." Le dos porte une phrase biffée mais encore lisible : "La femme qui vit à mes côtés garde toujours quelques secrets que vous ignorez." Le texte, malgré quelques corrections, est net et comporte des indications typographiques pour l'impression dans la revue Cahier d'Art où il fut édité en 1945-1946 avec le Bulletin des Baux et Le Requin et la mouette. Il fut repris ensuite dans Art bref en 1950 puis dans la deuxième édition de Recherche de la base et du sommet avec quelques variantes et sous le titre : Le Dard dans la fleur en 1965. Dès les années trente, Balthus est apprécié des surréalistes en raison de son univers inquiétant où transparaissent un onirisme voilé et un érotisme subreptice. Antonin Artaud reconnaît en lui un parent de son " théâtre de la cruauté ". La rencontre Balthus-Char n'eut jamais lieu ; néanmoins René Char en fit un de ses Alliés Substantiels, sensible aux tons sourds du "rouge-gorge infus" qui est "l'artère et l'essence" et à "l'hermétisme fertile" de cette œuvre, "verbe dans le trésor du silence". Le Dard dans la fleur, c'est l'image de ce regard pointu du peintre et du poète qu'un même désir anime et réunit : "Nous désirons la caresse de cette guêpe matinale que les abeilles désignent du nom de jeune fille et qui cache dans son corsage la clé des astres de Balthus". La souffrance naît de la contemplation insoutenable de la beauté de l'innocence.
Informations détaillées :
Nom de l'artiste : CHAR René
Genre : Document - Archive
Domaine 1 : Artistique
Domaine 2 : Autre Manuscrit
Datation : 1946 / 0 / 0
Période : Période contemporaine (1789 à nos jours)
Provenance : Vente publique "Rose et Georgette Engelhard"
Dimensions : 0,32 x 0,23 m
Matière : Manuscrit à l'encre
Technique :
Commission : 1990
N° inventaire : 5028
Bibliographie expositions : René Char, Recherche de la base et du sommet, Paris, Gallimard, 1970, 148 pages.