Secrets d'Hirondelles
Le Musée-bibliothèque François Pétrarque consacré à Pétrarque, à l'humanisme renaissant et à l'italianité, mène, depuis sa réouverture en 1986, une politique d'acquisition de témoignages artistiques relatifs à la Fontaine-de-Vaucluse et à son territoire littéraire dans la continuité du lieu inspiré et d'une tradition créatrice qu'illustrent, à cinq siècles d'écart, les deux grandes figures poétiques : François Pétrarque et René Char. Ainsi, cette maison-musée perpétue les liens esthétiques et sentimentaux entre un certain nombre d'artistes et le site à travers la thématique "Peinture et écriture" et le travail conjoint pictural et poétique du dialogue par le livre. Secrets d'hirondelles est un manuscrit autographe signé à l'encre ; deux pages et demi sur trois feuillets foliotés de un à trois. Il s'agit du manuscrit qui a servi à l'impression si l'on en croit les indications qu'il porte en tête. Il est conforme au texte paru dans la revue Cahiers d'Art en 1946. En 1965, Secrets d'hirondelles est intégré à la deuxième édition de Recherche de la base et du sommet dans le chapitre Alliés Substantiels avec de nombreuses variantes. Les remaniements touchent la presque totalité du texte : ajout de l'envoi "A Paul Klee" sous le titre, élagage qui amène la disparition de douze vers en début et fin de poème. Souvent, structure et organisation de phrases demeurent identiques mais mots et expressions sont remplacés par d'autres. A travers les dix neufs années qui séparent la première de la dernière édition, on assiste en fait à un affinement sémantique, à une recherche en profondeur et non à un bouleversement du texte et de son sens. Le fil de la pensée de René Char s'est maintenu et l'admiration qu'il porte à Paul Klee n'a pas faibli. La mise en regard de ces deux versions présente un double intérêt : aperçu du retour du travail créateur sur lui-même et témoignage du lien intangible qui peut apparenter deux artistes. Paul Klee et René Char ne se sont jamais rencontrés et n'ont jamais travaillé ensemble mais le poète admirait l'œuvre de l'artiste qu'il comptait parmi ses Alliés Substantiels. La peinture de Paul Klee résonne dans l'œuvre de René Char qui illustrait parfois ses propres poèmes. De la même façon, Paul Klee introduisit mots et lettres dans son œuvre picturale. Sa célèbre formule : "L'art ne rend pas le visible, il rend visible" fait écho à celle de Braque avec qui Char aimait créer : "Peindre n'est pas dépeindre, écrire n'est pas décrire". On peut donc regretter que René Char et Paul Klee ne se soient pas rencontrés. Le poète-illustrateur et le peintre-poète auraient sans doute pu réaliser cet "appontement" que René Char définissait comme un moment parfait d'entente créatrice.
Informations détaillées :
Nom de l'artiste : CHAR René
Genre : Document - Archive
Domaine 1 : Artistique
Domaine 2 : Autre Manuscrit
Datation : 1946 / 0 / 0
Période : Période contemporaine (1789 à nos jours)
Provenance : Vente publique "Rose et Georgette Engelhard"
Dimensions : 0,265 x 0,175 m
Matière : Manuscrit
Technique :
Commission : 1990
N° inventaire : 5025
Bibliographie expositions : René Char, Recherche de la base et du sommet, Paris, Gallimard, 1970, 148 pages.