Les transparents
Le musée-bibliothèque François-Pétrarque consacré à Pétrarque, à l'humanisme renaissant et à l'italianité, mène, depuis sa réouverture en 1986, une politique d'acquisition de témoignages artistiques relatifs à la Fontaine-de-Vaucluse et à son territoire littéraire dans la continuité du lieu inspiré et d'une tradition créatrice qu'illustrent, à cinq siècles d'écart, les deux grandes figures poétiques : François Pétrarque et René Char. Ainsi, cette maison-musée perpétue les liens esthétiques et sentimentaux entre un certain nombre d'artistes et le site à travers la thématique "Peinture et écriture" et le travail conjoint pictural et poétique du dialogue par le livre. Les Transparents est un manuscrit autographe daté de 1947-1948 à l'encre et au stylo à bille. Il est composé de six pages sur six feuillets : quatre d'entre eux portent au dos l'en-tête de l'Amicale des Anciens Officiers ou de la revue Empédocle que René Char dirigeait. A l'angle supérieur gauche de la première page, on peut lire la mention "première version" : le texte comporte en effet de nombreuses ratures et corrections. A l'angle supérieur gauche du deuxième feuillet, les mots : "Illustration d'A. Lhote" laisse supposer un projet qui n'a jamais vu le jour. Ce manuscrit a été offert en juin 1950 à Meyer Engelhard comme le précise l'envoi autographe de René Char au bas du premier feuillet. Il a été édité en 1949 au Mercure de France et repris dans Les Matinaux en 1950 avec des variantes. Le thème des Transparents se rattache à la jeunesse du poète : aux alentours de 1918, après la mort de son père, René Char va faire la connaissance de certaines personnalités locales hautes en couleurs : Jean Pancrace Nouguier dit "L'amar de Diou" (l'armurier de Dieu) est un ancien communard, il enseignera à René Char la lecture du ciel et des étoiles, Apollon, nonchalant géant de foires, Louis Curel, travailleur agricole présent dans Le Soleil des eaux et tous ceux que le poète nomme les Transparents ; ces vagabonds luni-solaires qui hantent les rives de la Sorgue, personnages simples du quotidien transfigurés par le poète en Dieux de la lumière et de la rivière. Le texte du manuscrit présente un intérêt certain car il diffère notablement des éditions, en particulier de celle de 1950, la plus répandue. Certaines phrases ont été modifiées, élaguées… et surtout certains des Transparents ont disparu de l'édition de 1950 ou au contraire sont venus entre temps rejoindre le groupe. Ainsi se sont perdus des noms évocateurs comme ceux de Jean Soumille, Dom Boudin, Joseph Chaton, Raymond Ridet, Crillon le Brave en nom de village. Cependant que d'autres les remplaçaient : Louis le Bel, Jean Jaume, Odin le Roc, Joseph Poissant, Seigneur… Les textes consacrés à chacun des Transparents sont courts et variés. Ils se développent directement à la suite du nom qui sert de titre : brèves remarques, réflexions ou dialogues de quelques lignes. A la fois dans leur forme définitive et dans leur genèse, ils font écho à ce groupe composite d'êtres libres et sans soucis.
Informations détaillées :
Nom de l'artiste : CHAR René
Genre : Document - Archive
Domaine 1 : Artistique
Domaine 2 : Autre Manuscrit
Datation : 1950 / 0 / 0
Période : Période contemporaine (1789 à nos jours)
Provenance : Vente publique "Rose et Georgette Engelhard"
Dimensions : 0,270 x 0,210 m
Matière : Manuscrit à l'encre et au stylo bille
Technique :
Commission : 1990
N° inventaire :
Bibliographie expositions : René Char, Contre une maison sèche, Paris, Jean Hugues, 1975, 38 pages.